Ambition territoriale : des communes éco-citoyennes
Les effets de la déforestation, du changement climatique, de la pollution, de l’érosion de la biodiversité présentent de sérieux problèmes aux habitants qui vivent sur le territoire de l’Association des Communes du Pôles Urbain (ACPU D/S) dans le nord de Madagascar.
En présence de la pauvreté omniprésente, d’une gouvernance défaillante, d’une démographie galopante, de l’augmentation rapide des besoins en eau et énergie, d’une négligence généralisée envers l’environnement par les populations, les ressources naturelles du territoire de l’ACPU D/S font l’objet de pressions environnementales qui ne cessent de croître.
Pour y faire face, l’ACPU D/S s’est dotée fin 2015 d’une stratégie intercommunale de gestion des ressources naturelles dont l’un des objectifs est de renforcer le concept d’écocitoyenneté et plus particulièrement auprès des jeunes dont le poids démographique est de plus en plus important sur le territoire (49 % de la population est âgée de moins de 16 ans). Cet objectif vise tout d’abord à la mise en place d’une campagne d’information, d’activités de sensibilisation et de séances de formation à la protection de l’environnement. Toutefois à L’ACPU D/S, on est conscient qu’il faut aller au-delà de cette visée. Il faut inciter les jeunes à prendre en compte, au quotidien, des conséquences de leur comportement négligent vis-à-vis leur milieu de vie.
Formation d’éco-citoyens : des obstacles difficiles à surmonter
D’importantes mesures en matière d’éducation environnementale ont été proposées par le gouvernement malgache depuis 1978 qui ont été suivies sur le territoire national par des activités d’éducation environnementale menées par des ONG tant nationales qu’internationales.
À Diego Suarez, les impacts de ces mesures et de ses activités ont été fort mitigés pour ne pas dire absents. On peut en observer l’effet dans la raréfaction des pluies et de tarissement des eaux causés par le déboisement, par la négligence dans la gestion des ressources naturelles, et par l’augmentation alarmante des pollutions de tous genres. Des facteurs associés au quasi échec de ces mesures et activités dans le secteur éducatif de Diego Suarez ont été identifiés :
Problématique 1 : Une gestion décentralisée complexe
- Le suivi des projets lancés à partir de la capitale Antananarivo est difficile à assurer étant donnée la distance qui la sépare de Diego Suarez ;
- La faiblesse du financement qui est alloué aux projets locaux mis en place en provoque l’essoufflement ;
- Le peu d’opportunités d’autofinancement des structures décentralisées de l’état en charge de l’éducation relative à l’environnement ;
- Le manque de synergie entre acteurs sur les activités mises en place si bien qu’elles n’ont pas de portée effective sur la population.
Problématique 2 : Un leadership qui s’essouffle
- Le manque de leaders et d’animateurs locaux spécialisés dans l’environnement et capable d’encadrer des activités auprès des jeunes ;
- Les leaders environnementaux en poste sont peu nombreux et surmenés ;
- Le faible taux de recrutement des structures favorisant la préparation de la relève de leaders environnementaux ;
- Le manque de modèle de bonne conduite à tous les échelons de la société diégolaise.
Problématique 3 : Un système éducatif défavorable
- Les progrès en matière d’éducation environnementale ont été limités sur le plan théorique, et sont restés de simples connaissances non mises en pratiques, si bien que les outils développés n’ont pas d’impact sur le comportement des jeunes ;
- L’enseignement de l’éducation relative à l’environnement n’est pas harmonisé entre les différents milieux où évoluent les jeunes ;
- Le programme d’éducation relative à l’environnement n’est pas à jour, ne reflète pas les réalités du pays, et ne valorise pas le savoir-vivre malgache ;
- Les enseignants n’ont pas accès au programme et aux outils développés ;
- Les enseignants ont peu d’autorité sur leurs élèves et le règlement intérieur des établissements scolaires n’est pas valorisé ;
- Le non-respect des critères de recrutement en termes de compétences en éducation à l’environnement des enseignants ;
- L’absence de formation initiale et le peu de formation continue en environnement pour les enseignants ;
- Les maigres salaires des enseignants qui influent sur leur motivation à participer aux programmes ou activités sans obtenir une compensation financière en retour de leur implication ;
- Certaines structures décentralisées de l’état en charge de l’éducation relative à l’environnement sont inactives ;
- L’importante proportion d’enseignants (FRAM) dans la région DIANA qui ne sont pas des fonctionnaires ;
- L’éducation civique et citoyenne est considérée comme une sous matière ;
- Le manque d’enseignants, les classes surchargées et les enseignants surmenés qui engendrent des retards dans le programme d’enseignement.
L’ampleur des problématiques évoquées sont si complexes qu’il est difficile de savoir où donner de la tête.
Promotion du bénévolat malgache pour l’environnement : une solution ?
Le bénévolat pour l’environnement a été identifié comme moteur permettant de transformer le rythme et la nature du développement tout en profitant à l’ensemble de la société et à la personne qui se porte bénévole. Serait-ce là une solution permettant de surmonter les difficultés évoquées ci-dessus ?
Le Ministère de l’Éducation Nationale, à travers l’Office de l’Éducation de Masse et du Civisme (OEMC), est convaincu, qu’associer les jeunes de façon bénévole dans la restauration et la défense des causes environnementales, est un facteur clé de formation et d’apprentissage des futurs citoyens conscients et responsables et est indissociable au processus de développement. Lors de la première célébration de l’année du volontariat à Madagascar en décembre 2014 un appel a été lancé en direction des différents acteurs du volontariat à Madagascar (organisations de la société civile, ONGs, médias, secteurs privés, Gouvernement) afin d’appuyer la structuration et renforcer l’impact socio-environnemental de la mobilisation volontaire sur le territoire. Bien que différent du bénévolat, l’organisation de cette célébration autour du volontariat malgache marque une volonté de l’état à promouvoir l’implication citoyenne au développement du pays.
Plateforme de coordination d’activités bénévoles pour l’environnement
Azimut et la Direction Régionale de l’Éducation Nationale projettent de développer une plateforme de coordination d’activités bénévoles de jeunes leaders au service de l’environnement. Il s’agit de favoriser la participation de jeunes diégolais au processus de développement de leur région. La plateforme poursuit les cinq objectifs suivants :
- Créer un environnement favorable au développement du bénévolat ;
- Développer le civisme des jeunes ;
- Harmoniser et multiplier les activités des jeunes au service de l’environnement ;
- Consolider l’esprit d’initiative des jeunes ; et
- Renforcer la société civile pour l’environnement de la région DIANA.
Camille Mondon, qui séjournera chez Azimut de la mi-février au début juillet 2016, accompagnera la mise en place de cette plateforme. Camille constituera une banque de données informationnelles sur les leaders au service de l’environnement à Diego Suarez. Il en tirera les modalités de fonctionnement d’un groupe de bénévoles choisi parmi ces leaders. Elle participera enfin au développement d’activités recrutement et de fidélisation de ces derniers
Camille, originaire de La Réunion, est titulaire d’un Master 2 en Génie Urbain et de l’Environnement de l’université de La Réunion. Elle a animé et coordonné des projets associatifs de développement social et de prévention en santé et environnement à la Réunion.
Bienvenue chez Azimut Camille !