La Tribune de Diego Suarez et du Nord de Madagascar a publié un article dans son numéro 162 sur le projet de valorisation des huiles alimentaires usées que mène Moustapha Zafilahy et Marine Ridoire, bénévoles de l’ONG Azimut à Madagascar. Voici l’extrait de cet article :
Pourquoi ne pas utiliser un déchet pour produire de l’énergie « propre » ? Voici le défi que se sont lancé Moustapha Zafilahy et Marine Ridoire, deux jeunes ingénieurs tout justes diplômés en hydraulique-énergétique et en eau-environnement. À terme, ils souhaitent recycler les huiles alimentaires usées (HAU) pour alimenter les moteurs diesel des générateurs utilisés dans les communes rurales.
La collecte des HAU se fait déjà là où la population est sensibilisée aux méfaits de l’utilisation prolongée d’une huile sur la santé et au rejet des huiles usées dans l’environnement. À Madagascar, la mise en place d’un système de collecte des HAU présente un challenge à relever. En effet, il arrive que des huiles de friture usées en provenance des restaurants et des gargotes de Diego Suarez soient revendues sur le marché local ou remises aux employés pour usage alimentaire personnel. Et pour cause, l’huile de cuisson est un produit alimentaire de première nécessité relativement couteux que l’on a malheureusement pour la santé tendance à réutiliser jusqu’à sa quasi complète absorption dans les aliments frits.
Moustapha et Marine, croient toutefois à la faisabilité de recycler en biocarburant les HAU pour la production d’électricité. Ils ont lancé une étude afin de connaître le potentiel d’HAU à Diego Suarez et ses alentours. Ils cherchent à vérifier si leur projet est réalisable à long terme. Monsieur Abdou Salama, Directeur Interrégional de l’Énergie et des Hydrocarbures soutient l’étude de ce projet. Depuis un mois et demi, ces jeunes porteurs de projet démarchent les restaurants, les gargotes et les industriels de Diego Suarez et ses alentours à la recherche de litres d’huiles de friture usées. Mais la collecte de ces huiles n’est pas aussi facile que l’on pourrait le croire. Six restaurateurs ont décidé de les aider dans leur projet : Le Melville, Le Village, GG Lamour, La Cambusa, Le Raphia et Le Bistrot Colbert. Chacun d’eux s’est proposé de mettre de côté leurs HAU qui sont collectées une fois par semaine. Le duo d’ingénieurs est parvenu à collecter plusieurs litres d’huiles. Bien que loin de l’atteinte de leur objectif final ils restent motivés et confiants pour la suite de leur projet. En effet, les restaurateurs ne sont pas les seuls à utiliser des huiles dans leur cuisine. La population locale, elle aussi utilise de l’huile pour cuisiner bien qu’elle ne l’utilise pas toujours de manière économe malgré un coût relativement élevé du litre d’huile. Moustapha et Marine savent que pour réussir une collecte efficace des HAU, les facteurs sociaux et économiques de la population de Diego Suarez doivent être pris en compte.
Afin de commencer à sensibiliser le grand public sur les méfaits de l’utilisation répétée d’une même huile alimentaire, une première campagne de sensibilisation sera initiée par la diffusion d’un court reportage sur le projet (méfaits sur la santé, impacts sur l’environnement, valorisation de déchets…) avec l’intervention de différents acteurs locaux dans le but de pouvoir répondre aux questions du grand public. Cette projection, en partenariat avec l’Alliance française d’Antsiranana, sera diffusée à chaque avant-première de la séance Cinéquartier au courant des deux prochains mois.
Finalement, ce projet permettra de réduire la dépendance au gasoil, de favoriser l’accès à l’énergie dans les zones rurales, de redonner une deuxième vie à un déchet et de réduire l’impact néfaste sur la santé d’une consommation de HAU.
APPEL À PARTICIPATION CITOYENNE
Si vous aussi vous souhaitez participer au projet, un bidon de collecte de vos huiles alimentaires usées sera mis à votre disposition au magasin SCORE de la rue Colbert d’ici la semaine prochaine.
Pour tout renseignement complémentaire, contactez :
Moustapha Zafilahy, Tél. 032 28 123 19, moussezafy@gmail.com
Marine Ridoire, Tél. 034 16 870 98, marine.ridoire@wanadoo.fr
UN « BIO-DÉCHET », TRANSFORMÉ EN BIOCARBURANT !
Chaque résidu biodégradable liquide ou solide est considéré comme un bio-déchet. Les huiles alimentaires issues de végétaux sont donc assimilées à des résidus biodégradables une fois leur vie utile dépassée.
La technique de raffinage des HAU en biocarburant est simple et non polluante. Une simple décantation/filtration de HAU mélangées au gasoil selon un ratio déterminé peut servir de carburant pour les moteurs diesel. Ce mélange permet une diminution significative des émissions de monoxyde de carbone et de CO2 à la sortie du générateur.
Au final, le bénéfice écologique est double car il ne faut pas oublier qu’il s’agit de déchets auxquels on a assigné une seconde vie !
LES MÉFAITS DES HUILES ALIMENTAIRES USÉES SUR LA SANTÉ HUMAINE !
Les huiles alimentaires contiennent des corps gras. Cependant, la fin de leur vie utile une fois atteinte, les corps gras produisent des acides nocifs pour la santé.
Cela se traduit par des problèmes de circulation sanguine. En effet, les artères peuvent être colmatées par ces acides gras. De nombreuses études montrent que les maladies cardiovasculaires sont causées par une consommation importante de corps gras ou une mauvaise alimentation.
La teneur en acides gras d’une pomme de terre passée à la friture est 100 fois supérieure sa teneur de base d’une valeur de 0,1g. Plus une huile chauffe, plus elle crée des molécules toxiques qui se développent dans le bain d’huile pour se retrouver finalement dans les aliments que l’on ingère.
Tout cela se résume-t-il alors à une simple question de cuisson et de consommation ? Effectivement, on pourra considérer qu’une huile alimentaire peut être utilisable jusqu’à 5 fois avant de commencer à devenir toxique pour le corps humain. Au-delà de 5 utilisations, le risque que les corps gras soient nocifs grandit considérablement.